Communier : les symboles eucharistiques
des bancs de communication

À côté du sacrement de pénitence, la communion est un autre sacrement revalorisé par la Réforme catholique, si pas le sacrement par excellence, ce dernier consistant en la réitération du dernier repas partagé par le Christ avec les apôtres. Il constituait une des principales pierres d’achoppement avec les protestants. Tout comme la pénitence, la communion fut largement promue par les jésuites qui organisaient avec les confessions générales des communions où les fidèles affluaient de toute la ville pour recevoir les sacrements.
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Le banc de communion est un meuble longitudinal qui sépare l’espace du sanctuaire réservé aux officiants de l’espace des fidèles situés dans la nef. Remplaçant les anciens jubés, il maintient les fidèles à distance tout en permettant de rapprocher visuellement les fidèles du chœur. Il est composé d’une tablette basse permettant aux fidèles de s’y agenouiller et d’une balustrade pour s’y accouder et recevoir le pain eucharistique. Liée à sa fonction liturgique, l’iconographie de ce meuble déploie des symboles eucharistiques auxquels s’ajoutent des symboles liés à la chapelle ou à l’église où il est situé.



Dans la chapelle de la Vierge, le banc de communion, installé en 1657 par la dernière des sœurs Houtappel, présente une ornementation ajourée et continue, particulièrement dynamique et opulente, faisant la part belle aux symboles mariaux et eucharistiques. Un imposant cartouche flanqué de deux angelots figure le Nom de Marie (MRA), à laquelle est dédiée la chapelle, au-dessus d’un cœur enflammé, symbole de l’amour divin. Il est encadré de roses et de lys, symboles de Marie, mais aussi d’épis de blé et de maïs, symboles de l’hostie et du corps du Christ, et de grappes de raisin, symboles du vin et de son sang.

Dans la chapelle saint-Ignace, le banc de communion réalisé par Alexander Van Papenhoven au début du XVIIIe siècle présente différents compartiments séparés par des panneaux illustrant les portraits des principaux saints jésuites. Les deux compartiments ajourés centraux figurent d’une part le trigramme IHS, auquel était associé Ignace, entouré d’angelots jouant de la trompette et de rinceaux mêlant épis de blé et de maïs ; et d’autre part le calice surmonté d’une hostie, symbole du Saint-Sacrement, flanqué d’angelots tenant des gerbes de blés et de rinceaux d’où s’échappent d’opulentes grappes de raisins. Le compartiment de gauche présente un autre symbole eucharistique, l’Agneau de Dieu reposant sur le livre des sept sceaux de l’Apocalypse. Sur les montants séparant ces compartiments, figurent les saints jésuites dans des médaillons, accompagnés de leurs attributs (de gauche à droite) : Louis de Gonzague (couronne et lys), François-Xavier (crucifix et carquois de flèches), Ignace situé au centre (cœur enflammé et torchères), François Borgia (crâne et couronne) et Stanislas Kostka (couronne).





Quant au banc de communion qui traverse de part en part la nef, il présente, au sein d’arabesques à la mode française s’accordant avec le décor de la chaire et des lambris des bas-côtés, des médaillons quadrilobés à thèmes eucharistiques, tels que l’épisode de la manne, l’autel du sacrifice, les épis de blé, le raisin, l’agneau de l’apocalypse ou encore le pélican nourrissant ses petits.