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Réseau transversal : IHS et MR

Un réseau d’association transversal nord-sud se dessine aussi à travers l’église. Il concerne l’association des chapelles de la Vierge et de saint Ignace qui se font face de part et d’autre de la nef. Ces deux chapelles, consacrées à la Pentecôte 1625, sont toutes deux en grande partie financées par des fonds privés. Les trois filles de Godfried Houtappel et leur cousine Anna s’Grevens financent la chapelle de la Vierge et Anna Mechelmens finance quant à elle la chapelle Saint-Ignace. Ces commanditaires sont des femmes célibataires qui appartenaient au mouvement des « filles spirituelles », un mouvement largement promu par les jésuites encourageant les femmes à vivre une vie pieuse, mais non cloîtrée, sous la direction d’un « père spirituel ». Privées, mais néanmoins ouvertes aux fidèles, ces chapelles sont accessibles par la nef principale. 

La binarité des thèmes de la Vierge et de saint Ignace, fréquente dans les églises de la Compagnie, qu’il s’agisse des autels se répondant aux extrémités des collatéraux ou des chapelles latérales comme dans l’église d’Anvers, s’explique par le fait que la Vierge était la patronne de l’Ordre et Ignace son fondateur. Ainsi, les deux figures se font écho comme les deux faces d’une même médaille. À cette binarité Vierge/saint Ignace répond l’association du Nom de la Vierge – MA ou MRA pour MaRiA ou Maria Regina Ave – avec le Nom de Jésus – le Trigramme IHS abréviation du nom de IHesuS (associé à des anagrammes telles que Iesus Hominum Salvator), qui est aussi devenu l’emblème de l’Ordre des jésuites. Ignace étant le fondateur de l’Ordre désigné par le Nom de Jésus, il est devenu fréquent qu’il soit associé avec le Trigramme. Voilà pourquoi on retrouve le Trigramme IHS au milieu de la voûte de la chapelle saint-Ignace dans un soleil rayonnant, celui-ci répondant au Nom de la Vierge au centre de la voûte de la chapelle de la Vierge, dans un soleil rayonnant également, selon une iconographie de gloire fréquente dans la présentation de ces Noms divins.  

Ce n’est pas un hasard non plus si, dans les plafonds peints imaginés par Rubens pour les collatéraux, les Noms de Marie et de Jésus rayonnants, adorés par des anges, figurent au centre de chaque collatéral. Se faisant face de part et d’autre au milieu de la nef, les Noms divins des plafonds devaient entrer en résonance avec les chapelles latérales de Marie et d’Ignace, situées vers le milieu de la nef également, et devaient donc être immédiatement visibles par le fidèle qui entrait dans ces chapelles.

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